René Bazin a publié ce roman en 1914, dans le climat lourd du début de la guerre, où sens de l’effort et abnégation ne sont pas de vains mots. Il décrit la vie quotidienne des marins pêcheurs, en mer du Nord, autour du port de Boulogne : vie souvent pauvre et misérable. L’auteur met bien en lumière le poids des clivages de l’époque : rivalités entre cantons voisins, jalousies latentes devant les inégalités de milieu, de fortune et de manière de vivre… Les caractères forts, l’intelligence et le cœur de ces personnages, humbles et modestes, sont ici analysés avec beaucoup de pudeur et de finesse.
Gingolph l’abandonné est un roman psychologique : une histoire d’amour de jeunesse manquée. On y découvre les préjugés et les affrontements entre milieux sociaux différents. Ajoutez à cela les incompréhensions de toujours, entre les deux psychologies naturelles de « Mars et Vénus ». C’en est assez pour que les rêves de jeunesse s’effondrent et que les fiancés se séparent…L’appel de la mer et le grand large vont permettre à Gingolph de surmonter son désespoir.
Cet ouvrage est surtout un roman de mer : vie au grand large, vie de solitude et de silence, contraste avec la promiscuité des hommes à bord. On vit intensément les heurts entre ces caractères forts et rugueux, et on admire aussi le sens de l’effort, le courage et l’engagement résolu de ces marins. L’auteur décrit, avec précision et talent, les techniques de pêche, les secrets du milieu marin, où la transmission orale se mêle à l’intuition et à l’expérience … Enfin, les paysages de la haute mer sont présentés, tout à la fois, avec réalisme et poésie.
Le 29 décembre 2011,
Jacques Richou
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