Article de presse sur le sujet.
Conférence donnée pour l’Association du Souvenir Vendéen le 16 octobre 2015, par le Général Jacques Richou.
«Voici ce que j’ai à vous dire de la Vendée que j’aime… » [1]
René Bazin
Redécouvrir l’académicien René Bazin pour nous transmettre ses observations et ses réflexions sur la Vendée, est opportun et intéressant car elles ont une valeur historique et scientifique qui n’est pas contestée pour les chercheurs. En effet, sans tomber dans l’hagiographie, on sait aujourd’hui que cet auteur était un homme de convictions et un homme d’action, sachant concilier optimisme et réalisme, ne manquant pas d’humour, ni de joie de vivre… Observateur attentif, il avait le contact facile avec les gens.
Emmanuel Catta, qui a présidé le « Souvenir vendéen » de 1991 à 2000, avait donné, à Légé (85) en 1998, une conférence dont le titre était « Bazin et la Vendée militaire ». Son témoignage sera ici fidèlement repris, mais recentré sur la Vendée en général, devenue, vous le savez, un département en 1790, à partir de plusieurs provinces, Bas Poitou, Anjou et Bretagne. La Vendée, riche de son terroir et de son histoire, est un pays auquel Bazin était profondément attaché, notamment pendant la guerre de 14-18. Cet écrivain a su la faire vivre avec enthousiasme, du fait de son passé et de sa culture, racines fécondes pour la préparation de son avenir.
L’analyse ci-dessous sera articulée en deux séquences, concernant Bazin : la Vendée dans sa vie, puis la Vendée dans son œuvre littéraire.
La Vendée dans sa vie
Bazin appartient à la Vendée angevine. Né à Angers, juste 60 années après 1793, il y a passé ses très jeunes années, et y a poursuivi ses études universitaires. Il a forcément été marqué par les souvenirs de la période révolutionnaire.
Mais, outre cet environnement local, ce qui le disposait à s’intéresser au passé de la région sous la Révolution, ce sont ses origines familiales qui l’ont profondément marqué. Lisons son témoignage, dans la préface de la biographie du « Duc de Nemours » 1905 : « Par mes parents du côté paternel, j’appartiens à la Vendée militaire. Mon bisaïeul, Nicolas Bazin, régisseur des biens du comte de Colbert au château de Maulévrier, partit avec lui et fit, en qualité de Lt de Stofflet, la grande guerre de 1793 à 1800 ». Il évoque ainsi son aïeul « éclaireur à cheval des compagnies de Stofflet », en particulier lors de la marche vers Angers, le 19 juin. C’est en cette circonstance, raconte-t-il qu’au cours du passage des Ponts-de-Cé, des jeunes filles lui offrirent “un bouquet d’immortelles”, longtemps conservé dans la famille.
Du côté maternel, l’ascendance royaliste avec la famille Meauzé, est également évidente. On a en mémoire les deux frères Chéron, sous la révolution. L’ainé, Louis-Marie, fut élu à la Législative, président du club des Feuillants, avec ces députés qui tentèrent en vain de défendre le Roi et l’institution monarchique de la constitution de 1791. Quant à François Chéron, il était journaliste et défendit la cause monarchiste, dans deux publications de l’époque : Le Journal de Paris et L’Ami du Roi.
René Bazin va bénéficier d’une enfance provinciale, heureuse et studieuse, dans une famille de quatre enfants. Issu d’une famille de notables de l’ouest, milieu des fermiers généraux de l’Ancien régime, des greffiers et des affaires commerciales de l’époque. L’Anjou est sa terre ; sa « terre charnelle » -pour reprendre la magnifique formule de Charles Péguy – et tient une place essentielle dans son œuvre. D’autant plus qu’étant de santé fragile, il doit faire de nombreux séjours à la campagne, à Marans, près de Segré, dans la gentilhommière acquise par son père, Alfred Bazin en 1843.
Ses études se déroulent, sans éclat particulier, à l’Institution Mongazon, à Angers ; mais là, il s’y forge un caractère posé et réfléchi ; certains ont dit, marqué par une certaine mélancolie…La mort précoce de son père, en 1872 – il n’a que 19 ans – est une épreuve qui va le marquer profondément. Passionné très vite par la littérature et la poésie, il est bachelier en 1872. Il poursuivra ses études supérieures de droit, à Paris, puis à Angers ; et sera le premier Docteur en Droit, en 1877, de la nouvelle Université catholique d’Angers, fondée par Mgr Freppel, deux ans plus tôt… Dès cette époque, il commence à écrire. C’est aussi en 1876, qu’il avait épousé Aline Bricard, dont la famille va habiter Les Rangeardières, à St Barthélémy d’Anjou, à partir de 1878. Bazin sera vite attaché à cette demeure familiale. La famille y vivra là avec ses huit enfants, nés entre 1877 et 1896.
Sa vie professionnelle débute comme professeur de droit à l’université. Il est recruté par Mgr Freppel, évêque d’Angers, alors bien connu pour son dynamisme et son combat monarchiste pour le Comte de Chambord, puis sa députation au siège de Quimper. L’évêque d’Angers invite le jeune Bazin, âgé de vingt-cinq ans à peine, à enseigner la procédure civile, puis le droit criminel à la nouvelle Faculté de droit. Bazin accepte aussitôt, mesurant sans doute les sacrifices et le travail désintéressé qu’exigerait de lui la carrière du professorat, surtout dans une université libre, avec le climat tendu de l’anticléricalisme, qui s’est installé à partir des années 1880. Il convient de souligner qu’il y a été introduit par son beau-frère aîné, Ferdinand Jacques Hervé-Bazin, le propre grand-père de Jean, le futur président de l’académie Goncourt – qui adoptera le nom d’Hervé Bazin -. Ferdinand-Jacques Hervé-Bazin va exercer une forte influence sur le futur académicien, son jeune beau-frère.
Il devint l’un des rédacteurs de L’Etoile, organe local de Mgr Freppel ; puis il collabora à L’Union, journal patronné par le comte de Chambord. Mais sa carrière de journaliste va bien vite évoluer ; Bazin n’aime pas la polémique et le superficiel fugace. Il va s’orienter alors vers la rédaction de chroniques, vers une carrière d’écrivain voyageur et de nouvelliste, avec de nombreux articles, historiques, culturels ou même touristiques, notamment sur la Vendée.
On a dit de lui, qu’il avait des qualités de peintre : la finesse des paysages et des âmes, lui a valu cette magnifique comparaison de Mauriac : « René Bazin est le Fra Angelico des lettres », rappelant le talent de ce moine du XVème siècle et de ses tableaux d’une grande suavité d’inspiration et de coloris inimitables.
A partir des années 1900, Bazin partage sa vie entre l’Anjou, ses voyages et Paris. Il est élu à l’Académie française, au XXXème fauteuil, où il succède à Ernest Legouvé, le 18 juin 1903. Il en sera un membre actif, et restera académicien durant 29 ans. Toujours actif jusqu’aux dernières années de sa vie, il exerce des responsabilités, à la tête de la corporation des publicistes chrétiens, et préside, à partir de 1915 jusqu’en 1923, cette structure qu’il élargit, en corporation professionnelle des écrivains et journalistes catholiques. C’est dans son appartement familial de la rue Saint Philippe du Roule, à Paris au cœur du 8ème arrondissement, que René Bazin meurt, le 19 juillet 1932, dans une grande sérénité.
Devenu un écrivain très lu, membre de l’Académie française, René Bazin aurait-il estimé qu’il était opportun de prendre une certaine distance avec ses « affinités vendéennes », qui avaient forgé en grande part ses opinions politiques et religieuses ? Il n’en a rien été, comme l’attestent, entre autres son introduction – déjà citée – à la biographie du duc de Nemours (1907), ou le chapitre consacré au père Grignon de Montfort dans « Fils de l’Église » (1926) à St Laurent S/Sèvre. Et, à l’Académie même, en osant en 1913 faire référence à « Notre Seigneur Jésus-Christ » dans le discours dont il avait été chargé à l’occasion des « Prix de Vertu ». Cette audace qui fut accueillie par un tonnerre d’applaudissements, n’était-elle pas comme un écho au cri du Vendéen de St Christophe de Ligneron, Barillon : « Rends-moi mon Dieu » ?
Cependant, dans la seconde partie de sa carrière d’écrivain, il est vrai qu’on ne lit que plus rarement des évocations directes à la guerre de Vendée. Bazin aurait été victime, comme tous ses contemporains, de la chape de plomb, du silence assourdissant, dont ce grand sujet avait été enveloppé à partir de la fin du XIXème siècle, silence qui ne fut rompu que vers les années “trente”, par le Souvenir vendéen, des chercheurs, des historiens ou des hommes courageux (je pense à Amblard de Guerry hier, ou à Alain Gérard aujourd’hui, sans oublier Soljenitsyne qui a remis notre histoire à l’endroit en venant aux Lucs en 1993.
Cette réserve étant faite, rappelons la fidélité inébranlable de Bazin à la cause des vendéens et son profond attachement à son terroir, durant toute sa vie.
La Vendée dans son œuvre littéraire [2]
Le moment est venu maintenant de présenter la place de la Vendée dans ses ouvrages. Parmi plus de la soixantaine de livres publiés, on peut en trouver au moins vingt, qui évoquent la Vendée, soit plus du tiers (voir en note la liste, présentée par types d’œuvres). Ces livres permettent de mieux percevoir les centres d’intérêt, les idées et les convictions de notre auteur. Les exemples vendéens, décrits dans ses livres, foisonnent, que ce soit dans la vie familiale et sociale, dans le respect de la nature et de l’environnement, dans l’attachement à la terre des pères, et enfin dans la fidélité à sa foi religieuse.
Bazin est un écrivain, particulièrement sensibilisé et attentif à la vie familiale et sociale. Le premier exemple proposé est extrait du livre « Aujourd’hui et demain » au chapitre « Théophile Bouchaud » à St Philbert de Bouaine. Le soldat, au front en 1914, écrit à son épouse. Je cite : « C’est à toi de veiller à ce que nos enfants soient plus tard des personnes fortes dans la foi…Ne leur parle pas de leur père qui est au front de façon qu’ils n’en gardent pas le souvenir qu’avec des larmes dans les yeux. Fais leur comprendre qu’il y a ici-bas deux causes devant qui tout s’efface : le devoir du chrétien envers son Dieu, et du Français envers sa patrie… »
On peut encore citer cet extrait de l’étude sur les Considérations sur la France de Joseph de Maistre en 1880, le voici, c’est un hommage indirect au peuple vendéen soulevé : « Ces masses populaires sont moins mauvaises et moins corrompues qu’on ne croit. Elles se rallieront vite autour d’un gouvernement à la fois fort et paternel (…) Elles ressemblent à ces médailles usées. On croit d’abord que toute empreinte est effacée. On lave la rouille et on retrouve encore, d’un côté la figure d’une croix, de l’autre le profil d’un roi. » L’allusion ici, à la Vendée, est flagrante.
Ces valeurs familiales et sociales sont aussi illustrées dans le roman « De toute son âme » (1897) à Nantes,: le souci de promouvoir un ordre social juste, réaliste et équilibré : ni collectiviste, ni libéral. L’homme est résolument au cœur du problème social. À la lutte des classes, il oppose le dialogue social. Ce qui ne l’empêche pas de critiquer avec force le comportement de certains patrons… Il fait dire à l’un des personnages de ce livre : « Que de fautes il a fallu, de la part de ceux qui possèdent, pour en arriver là… ».
Bazin est un précurseur dans le respect de la nature et de l’environnement ; il écrit à une époque où les classes dirigeantes vénèrent le progrès technique dans lequel ils voient la promesse du bonheur, la satisfaction des ambitions, la course effrénée vers la richesse et le mythe du progrès. Notre auteur voit loin, quand il pressent les limites et points noirs de la civilisation industrielle, l’urbanisation à outrance qu’elle entraîne, et la saturation étouffante des villes actuelles. On le lit dans chaque chapitre de la Terre qui meurt. Cet amour de la terre exprime bien notre besoin de racines profondes dont les accents résonnent en nous. Même si certaines données sociales ont beaucoup évolué depuis, les grands thèmes de la vie sociale – enracinement et déracinement – sont permanents d’une génération à l’autre. Dans ses analyses des mondes paysan, ouvrier et bourgeois, Bazin fait œuvre d’historien, de sociologue et même d’économiste. En définitive, certains aspects de l’écologie d’aujourd’hui, comme ceux des thèmes de l’encyclique « Laudate si », ne sont pas loin de la vision de Bazin.
Voici encore une citation, prise dans le livre « En Province », 1896 : une description saisissante du drame à venir, prévu 115 ans plus tôt, et vécu, lors du drame de Xynthia en 2010 ! Ecoutez ce passage décrivant l’Ile de la Dive, près de l’Aiguillon sur mer : « Nous traversons le grand bourg de St Michel en l’Herm (…) A partir de là, tout le territoire qui s’étend jusqu’à la mer, est une conquête faite sur elle, contre elle et encore disputée…Un seul fort se lève au-dessus des épis…C’est la Dive. Nulle conquête n’est bien sûre. » Ces lignes étonnantes ont été rappelées par le Maire de La Tranche s/mer (85), juste après le drame de 2010.
Venons-en aux idées politiques de Bazin. Elles se sont forgées, à l’évidence, à partir des influences qu’il a reçues : son milieu de naissance, son éducation et sa formation. Il écrit et argumente activement dans les journaux monarchistes d’Anjou, jusqu’à la mort du comte de Chambord en 1883. Après cette date, Bazin reste monarchiste de cœur. Mais, ni polémique, ni utopique, il focalisera désormais ses efforts sur un ordre social chrétien, dans la ligne des grandes encycliques sociales de l’époque. Fidèle de la première heure au ralliement, demandé par le Pape Léon XIII, il prend ses distances vis-à-vis des querelles entre légitimistes et orléanistes, des combats du Boulangisme, puis de l’Action Française. Il n’adhère pas aux risques de dérive idéologique, d’inspiration positiviste, de certains de ses membres. Et, pour preuve, voici une note d’un de ses carnets, en date d’octobre 1893, citée dans « Étapes de ma vie » 1936 : « Je suis monarchiste par tradition familiale, et par l’expérience triste de quarante ans de république. Je crois que le régime monarchique est le mieux adapté à notre caractère, et sans doute le meilleur en soi. Mais il est évident que nous sommes loin d’un retour à la monarchie, qu’on ne peut raisonnablement prévoir aucun événement qui rétablirait les Bourbons-Orléans sur le trône. » Mais ce renoncement – qui n’était pas un oubli ! – laissa intact son adhésion à la cause religieuse du soulèvement vendéen. Il va alors consacrer toute son énergie à défendre notre histoire de France, notre culture et nos racines chrétiennes.
Enfin, pour terminer, Bazin connaît le besoin spirituel de l’homme et témoigne de sa fidélité à la foi religieuse. Il décrit la dimension spirituelle de la personne. La société française, telle que Bazin la décrit, souffre comme celle d’aujourd’hui, d’un manque d’âme. Son œuvre vise précisément à encourager ses semblables à s’élever. Bazin est un écrivain qui met en valeur notre patrimoine et notre héritage spirituel. Il se démarque des auteurs naturalistes, Zola et Gide par exemple, qui écrivent en se limitant au corps et aux sensations. On lit dans Étapes de ma vie, extraits de ses carnets intimes : « Aujourd’hui on ne fait plus que le roman des corps ; l’étude des âmes ne s’y compose que d’une vulgaire analyse de sensations enchaînées. Toute la partie haute de nous-mêmes y est laissée de côté, ignorée. » Bazin a poursuivi sa route, avec confiance, en nous disant combien sont vains les objectifs sociaux, coupés de la dimension spirituelle de l’homme. Ses récits et contes pour la jeunesse, comme les livres écrits dans sa maturité, accordent la première place à la foi qui l’anime.
Voici un extrait de la légende de Vairé (près d’Aizenay), dans « La Douce France » 1911 concernant le retour de deux pélerins de Jérusalem, avec des reliques pour l’église du village : « Un jour d’avril, on est au XIVème siècle, les cloches de Vairé se mirent en branle…Elles chantaient à toute volée « arrivez tous ! Laissez là vos guérets fumants, laissez vos bœufs et vos étables, et courez tous, car ils reviennent les deux bons pélerins de Vairé, ils reviennent avec les reliques… ».
S’agissant du livre « Magnificat », 1931, c’est sans doute son chef d’œuvre de sociologue chrétien. Voici une citation de Gildas, le héros du livre, ce soldat de la guerre de 14-18, qui va entrer au séminaire de Chatillon sur Sèvre, pour remplacer un camarade prêtre, tué au front. Cet humble paysan va renoncer à ses fiançailles, au foyer, à la terre maternelle, pour suivre l’appel de sa vocation : « Gildas passa quelques jours à Chatillon S/Sèvre, petite ville du bocage vendéen, bâtie sur un plateau et sur une rude pente. Il avait le goût de la discipline. Il la trouvait à Chatillon, chez ces amis qui avaient déjà, songeant à la prêtrise future, quelque souci de perfection et un commencement de force contre eux-mêmes ».
Bazin n’ignorait pas que l’homme a ses faiblesses, ses bassesses, ses hontes. Il savait que la vie n’est pas toujours belle. A l’exemple de ses héros de romans, il n’avait pas peur de parler du mal et il ne l’a pas ignoré. Et, il préférait suggérer qu’après toute épreuve, le calme et la paix peuvent revenir : il y a toujours une porte ouverte chez cet auteur…Il montrait surtout que la vie a aussi ses beautés, qui élèvent et qui réjouissent le cœur. Le petit-neveu de Bazin, Jean, de l’Académie Goncourt, dont les pensées et la littérature sont d’une toute autre inspiration, écrivait dans un journal, un siècle plus tard, en 1953, lors du centenaire de Bazin : « Oncle René était un grand écrivain. Il a défendu des valeurs qui avaient leur prix, dans une langue qui, elle, ne s’est pas dévaluée. Pour être juste, disons aussi qu’il était parfaitement sincère et désintéressé ; ce qui n’est pas si fréquent dans la corporation… Il s’est bien battu : chapeau ! »
Et pour conclure…
La “remise en lumière” de la résistance vendéenne en 1793, grâce aux récentes recherches historiques, dans son déroulement et ses conséquences, donne ainsi toute sa valeur à l’intérêt que lui porta René Bazin, tel qu’il l’exprima souvent, et dont nous donnerons pour terminer cet exemple, tiré d’une allocution prononcée à la distribution des prix à l’Institution Richelieu de Luçon, en 1891 : « Quand des hommes se levèrent pour résister à l’oppression religieuse (…) un peuple de laboureurs, devenu tout à coup une armée, l’armée formidable de la liberté, résister sur son sol, vaincre souvent, sacrifier des milliers des siens, remporter finalement cette immense victoire du rétablissement de la liberté du culte, sauver ainsi bien plus qu’un gouvernement, la foi de la France entière (…) Où étaient vos pères ? Où étaient les vôtres ? (…) Messieurs, leurs ossements sont mêlés dans les cimetières, des Sables d’Olonne à Saint-Florent, de Cholet à Machecoul : leur sang a coulé dans les mêmes champs de genêts ; ils ont bu au même verre le soir des batailles heureuses. Oui, c’est bien la même province à jamais unifiée et glorifiée dans l’Histoire. »
Ces lignes, écrites dans le contexte historique d’il y a un siècle, nous parlent toujours aujourd’hui et ne cessent d’étonner par la justesse de leur discernement, et par leur vif intérêt pour l’époque actuelle. En définitive, nous admirons à la fois, l’écrivain engagé, animé de convictions vécues au quotidien, l’homme de relation et l’ami des simples. Si vous passez un jour à St Barthélémy d’Anjou, vous pourrez lire sur sa tombe ces mots, écrits par lui, qui disent bien le sens et le centre de sa vie : « Je crois de tout mon esprit, de tout mon cœur, toute la vérité catholique ».
Le général (c.r.) Jacques Richou, le 19 novembre 2015
Conférence donnée pour l’Association du Souvenir Vendéen le 16 octobre 2015
________________________________
[1] Citation relevée dans « Récits du temps de la guerre », 1915, chapitre « Celle qui ne savait pas ».
[2] 20 livres de Bazin ont leurs sources (globales ou partielles) en Vendée :
- 4 Contes et récits de jeunesse : Stéphanette, Ma Tante Giron, La Sarcelle bleue et Contes de Bonne Perrette,
- 4 Récits de voyage : En Province, Croquis de France et d’Orient, Notes d’un amateur de couleurs, et Paysages et Pays d’Anjou,
- 5 Romans : Les Noëllet, De toute son âme, La terre qui meurt, Davidée Birot et Magnificat,
- 7 Essais et Biographies : Considérations sur la France J. de Maistre, le Duc de Nemours, La Douce France, Récits du temps de la guerre, Aujourd’hui et Demain, la Campagne Française et la guerre et Fils de l’Eglise.